Environnement

 

Lac du Fioget

Ce petit lac privé en forme de croissant de lune est le septième des "7 lacs", même s'il est un peu à l'écart de ses 6 "grands frères" entre Bonlieu et le Frasnois. La pêche n'y est pas autorisée. Entourées de forêts, les berges sont dédiées à l'activité agricole mais elles sont accessibles aux randonneurs, notamment depuis Pont-de-la-Chaux (Chaux-des-Crotenay) par un sentier qui traverse le Bois de Ban. Comme les autres plans d'eau du secteur, il fut le refuge des druides gaulois. Il y pousse le très rare "Orchis mâle".

Le plateau calcaire du Frasnois, à l’instar de la plus grande partie du massif jurassien, se caractérise par un grand développement du réseau hydrographique souterrain. Toutefois, des dépôts d’alluvions glaciaires imperméables sont à l’origine de l’implantation de plusieurs lacs dans ce secteur. Le lac du Fioget, le plus septentrional d’entre eux, est situé à 745 mètres d’altitude. Le vallon où repose le plan d’eau est, à l’instar de celui du lac du Vernois (situé un peu plus au sud), un bassin fermé creusé dans le même plateau calcaire rauracien. L’exutoire du lac du Fioget s’écoule par un entonnoir dont la résurgence débouche probablement dans l’une des reculées de Ney ou de Balerne. Les berges de ce petit lac privé ceinturé par la forêt sont occupées par des pâtures.

 

D’environ 700 mètres de long pour une largeur avoisinant les 200 à 270 mètres, sa profondeur maximale est de l’ordre de 8 mètres. Ses abords sont un peu marécageux. A l’ouest, un petit plan d’eau résiduel (le « petit lac ») occupe une cuvette presque comblée.

 

La végétation présente une zonation caractéristique, avec une répartition en ceintures concentriques généralement bien régulières. Les groupements aquatiques (association à myriophylle verticillé et nénuphar jaune, ainsi que sa variante à nénuphar blanc, formation à myriophylle en épi) sont relayés par une végétation amphibie sur les berges (scirpaie à scirpe lacustre, roselière à phragmites, cariçaie à laîche grêle). Localement, des conditions particulières (arrivée d’affluents sur terrain minéral, ruissellements issus de substrats tourbeux, ou encore atterrissement, plus marqué aux deux extrémités est et ouest du lac) sont à l’origine d’irrégularités et de l’apparition d’autres formations végétales : groupement à potamot nageant, cariçaie à laîche en bec ou à laîche des rives, cladiaie à marisque ou saulaie marécageuse à saule cendré. Sur les marges du lac, quelques éléments de bas-marais alcalin et de marais de transition subsistent, mais deviennent tout à fait résiduels.

 

Le lac du Fioget héberge un cortège floristique caractéristique des zones humides plus ou moins tourbeuses. En particulier, son intérêt botanique est lié à la présence de deux espèces d'aulnes peu communes en Franche-Comté : l'aulne blanchâtre et l'aulne pubescent (ce dernier est issu d'un croisement entre les aulnes blanchâtre et glutineux). Le saule noircissant, espèce périalpine d’affinité montagnarde est également présent. Il convient aussi de signaler la variété « minor » du nénuphar blanc, dont la morphologie est bien caractéristique ici. Cette variété, dont le statut reste discuté, semble toutefois bien représentative d’affinités montagnardes et oligo-mésotrophes. Par contre, le nénuphar du Jura (hybride entre les nénuphars jaune et nain), dont le type fut décrit sur ce site, n’y a pas été revu.

 

STATUT DE PROTECTION

La zone fait partie du site classé « Sept lacs du plateau du Frasnois ». La présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit tout acte de destruction vis-à-vis des espèces et de leur milieu (arrêtés du 19/11/07 et du 29/10/09).

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

Parmi les menaces actives portant atteinte à ce site, la principale est liée à l’utilisation intensive des prairies tourbeuses périphériques. Les modifications hydrologiques consécutives au drainage semblent actuellement moins effectives, puisque les drains sont désormais comblés. Par contre, l’épandage d’engrais sur les prés tourbeux mené depuis plusieurs années a changé les caractéristiques chimiques de l'eau, affectant la faune aquatique et perturbant la végétation en conduisant peu à peu à un appauvrissement de la richesse floristique. En effet, les espèces aquatiques sont très sensibles aux changements des caractéristiques physico-chimiques de l'eau. Avec l’augmentation du niveau trophique (enrichissement en éléments nutritifs), les Characées (algues vertes évoluées, jadis très recouvrantes et diversifiées) et le nénuphar du Jura ont d’ores et déjà disparu. Il convient donc d'éviter la poursuite de ces pratiques de fertilisation des prairies proches du lac, au risque d’amplifier la régression de la diversité biologique qui le caractérise.


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